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Concept des Sculptures Monumentales Habitées©

Genèse du concept des sculptures monumentales habitées

Texte écrit par Yves BAYARD, présenté à la FIAC 1985, stand Galerie Catherine Issert. Texte intégral

La différence entre la Sculpture et l’Architecture au niveau du concept tenait principalement en deux notions : La notion d’échelle et la notion de plein et de vide. L’Architecture étant creuse posait le problème du rapport intérieur - extérieur. La sculpture par ailleurs est très longtemps restée un élément du décor architectural et voisine de l’échelle humaine.

La nouveauté de la proposition d’Yves Bayard et Henri Vidal en s’attaquant aux sculptures oblitérées de Sosno, est de bouleverser tous les rapports habituels et d’atteindre le monumental architectural non par le seul fait de l’ordonnancement mais par la plénitude sculpturale.

Les sculptures de Sosno sont un support de rêverie pour un architecte familier de la rêverie active.

Il y a là, une double intervention car Sosno apporte déjà une modification a une sculpture existante… Cet enchaînement de modifications, d’échelles, constitue une chaîne de rêveries et de concrétisations avec un décalage dans le temps au sens historique.

L’architecte ne doit pas voir là une sorte d’abrogation de sa personnalité artistique propre, car la bonne compréhension d’une œuvre et sa transfiguration à l’échelle la plus juste sont des actes architecturaux majeurs.

Les sculptures de Sosno se prêtant parfaitement à être habitées car elles contiennent à la fois le rationnel et l’irrationnel, et sur le plan technique sont transposables pour devenir "bâtiments" de façon réaliste, sans tour de force excessif, ni budget exagéré.

Il s’agit là d'un tournant très important dans la conception architecturale.

L’ensemble de ce design est maintenant breveté aux Etats-Unis, au Japon et en Europe.

Sont présentés trois projets généraux :

  • le Giant Hotel Project

  • l'Hudson project

  • les Maisons pour un canal

et deux projets pour Paris :

  • la Trouée verte

  • la cour du Grand Louvre

Ces projets ont été présentés à la FIAC 85, du 5 au 15 octobre et ils ont rencontré auprès du public un réel succès.

La 1re Sculpture Monumentale Habitée au monde, crée l’évènement à Nice

Yves BAYARD. Un évènement dans la ville. Nice.

Art Jonction a rencontré Yves Bayard, architecte du théâtre, du musée et de la bibliothèque Louis Nucéra en cours d'achèvement. Sept. 2001.
L’architecte de « La Tête au carré » inspirée du sculpteur Sosno, parle de la genèse des sculptures monumentales habitées.

 

Extrait cité. Source : Art jonction Le Journal, n° 30, septembre 2001, p 8-9, journaliste Brigitte Chéry

YB : Le bâtiment est implanté entre deux arches du Paillon. La rivière peut couler en dessous en cas de crue. Il est fondé sur des pieux très profonds latéralement, un énorme attelage d’un mètre de hauteur reprend toute la charge. La sculpture monumentale est soutenue par un noyau central en béton avec quatre niveaux champignons, suspendue à une poutre supérieure faisant appel à un étaiement général avant mise en contrainte. Couverture de vitrage puis grilles en aluminium perforé (on voit au dehors mais du bas à l’extérieur mais on ne voit pas dedans). La sculpture est ensuite composée de la partie anthropomorphique : le menton, le dessus des épaules, étudiés sur informatique et réalisés par un chantier naval spécialisé dans les bateaux en aluminium (Carros Universal Yachting). Un modèle prototype de grande taille a permis de valider le choix de l’aluminium comme une peau en matériau d’habillage, l’aluminium sablé du bas sur le béton armé avec celui des plaques perforées, le fini sablé général donne une unité et aura le même vieillissement. Tout autour, il y aura du gazon.

• Pourquoi la présence de cette sculpture habitable :

YB : J’ai eu la chance de faire le théâtre et le musée, […]. J’avais prévu devant le musée un jardin de sculptures. La sculpture « La tête au carré » de Sosno est sur l’emplacement le plus bas, bien vue en venant du port, de la rue Barla, orientée comme une tour du musée, en diagonale. Ce n’est pas un bâtiment en plus mais quelque chose lié au musée inscrivant au sein de la Promenade des Arts en lui conservant toute sa cohésion, qui reprend un peu la couleur du musée, gris calme. L’entrée se fait place Yves Klein, c’est ce qui sans doute nous a fait gagné le concours ; ayant construit le musée, je savais que la place manquait d’animation : les bureaux administratifs et la bibliothèque représentent le passage de 2 à 3000 personnes par jour. Cela va amener des visiteurs et peut être des interactions avec le théâtre et le musée. C’est ainsi que les sites évoluent, d’un parking à une galerie commerciale puis un espace Merlin-Gérin.
L’espace Urbapole construit et racheté par la ville permet d’exploiter 800 à 1000m2 à plat ; c’est la seule bibliothèque de France à plat. Dans la tête, se trouvent les bureaux de gestion de l’ensemble des bibliothèques de Nice, récréant ainsi une unité et un rayonnement culturel. J’aime que cette construction provoque un évènement dans la ville.


• Une place Yves Klein plus active :

YB : Je souhaitais une certaine transparence du musée, je voulais que les gens le traversent, que les rideaux ne soient pas toujours baissés, que parfois, circulation interdite, des évènements rassemblent le public sur les gradins du parvis et sur les passerelles (cela ne s’est produit que le jour de l’inauguration et un jour de Carnaval), et que le théâtre et le musée se rencontrent ou pourquoi pas qu’il y ait des défilés de mode… »

• Comment d’une petite sculpture de 30 cm en est arrivé l’architecte Yves BAYARD, à un bâtiment de 30 m ?

Une exposition à la galerie 49 à Vallauris présentait jusqu’en septembre 2000 la genèse des sculptures monumentales habitées.
YB : L’exposition présentait un travail de vingt ans. C’est en regardant pour la première fois en 1984 une tête oblitérée de Sacha Sosno comme une maquette que j’ai imaginé le concept de sculpture monumentale habitée. J’ai d’abord proposé au maire un projet de fontaine d’après une œuvre de Sosno, une exposition de petites sculptures a suivi au musée Chéret, présentée par le conservateur Claude Fournet. Avec l’aide d’Henri Vidal, ce concept de sculptures monumentales habitées inspirées de Sosno a été présenté à la Foire Internationale d’Art Contemporain de Paris au Grand Palais en 1985 ; de très grands projets qui paraissaient utopiques, tel que le « Giant Hotel Project » pour une chaîne hôtelière avec des unités de 500 à 700 chambres pour une Tête au carré de 300m de haut, le rêve fou d’un gratte ciel, « Hudson Project » (une femme entre deux grandes tours) avec chaque fois des sculptures différentes. Le journal ArtThèmes l’a présenté en première page. Il y avait aussi la « Trouée verte », une contre proposition pour le Grand Louvre… « Maisons pour un Canal ». Cela représente beaucoup de travail et d’investissement, illustrant une longue amitié, tous ces dessins sont exposés avec le collège de Romain-Rolland de Bagneux réalisé en 1992 avec une sculpture de Sosno en marbre gris incluse dans le béton. On pourrait aussi parler de technopole d’Hanché en Finlande, projet lauréat Vidal-Bayard (il incluait un bâtiment central, tête au carré).

L’architecte Yves BAYARD a toujours aimé travailler avec les artistes :
« C’est fondamental pour moi. Pourquoi Sosno ? Parce que c’est assez simple à agrandir : une partie cubique, parallélépipédique qui peut se construire de façon ordinaire, normalement coûteuse. La partie sculptée représente plus de difficultés, un coût plus élevé. Les formes à l’intérieur résultant de l’extérieur demandent l’utilisation de locaux obscurs. Dans le cas présent il s’agit de tout ce qui est informatique, qui n’a pas besoin de lumière (c’est donc utile) et d’une salle de réunion. Avec Pagès, une construction habitable serait difficile mais j’ai pu le faire intervenir chez Henri Vidal, à Porquerolles, comme Nivèse, […]. Le travail avec les artistes demande des compromis. Ils ont une très forte personnalité ; chacun doit y mettre un peu du sien sans pour autant verser dans la médiocrité. […]. Une tour de méditation, projet avec Paul Jenkins. »

Travailler avec d’autres architectes :
« Il faut travailler avec des personnes complémentaires. Ici, je travaille en tandem avec Francis Chapus. […], je travaille beaucoup pour trouver des solutions qui arrangent tout le monde, d’autres envoient des lettres recommandées. »

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